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L’inflation fait perdurer le délaissement des centres urbains.

Alors que la filière du végétal continue d’être fortement affectée par les arbitrages de dépenses, comment l’économie française devrait-elle évoluer dans les prochains mois ? La Banque de France a écarté en mars 2023 le risque de récession en France.

L’économie s’améliore, mais les consommateurs continuent d’avoir des fins de mois difficiles

D’après une étude de l’OFCE parue en avril 2023, la croissance devrait être de +0,8% en 2023 et de 1,2% en 2024. En avril également, le FMI annonçait que la reprise économique mondiale se poursuivait mais que des risques financiers restaient toutefois présents (+0,7% de croissance pour la France en 2023 et +1,3% en 2024 selon les prévisions). Le baromètre Odoxa-AGIPI-Challenges-BFM de mai 2023 indique une amélioration du moral des Français après l’effondrement du premier trimestre. 

Toutefois, la baisse de pouvoir d’achat continue d’affecter largement les Français. Une enquête Elabe publiée début mai révèle que 79% doivent « se serrer la ceinture », dont 25% beaucoup, face à l’inflation.

L’inflation favorise l’envie de quitter les centres urbains

D’après le Baromètre annuel du déménagement réalisé par IFOP en partenariat avec le groupe Les déménageurs bretons, face à l’inflation et à l’augmentation des loyers, 38% des Français ont déménagé en 2022. Ils n’étaient que 11% en 2021. 

10% déclarent avoir déménagé en 2022 en raison d’un logement devenu trop cher. Une tendance qui s’accentue puisque cette part atteint 13% pour le moment en 2023. Si le nombre de déménagements est stable entre 2022 et 2023, la dimension inflation joue un rôle plus important dans ces projets immobiliers. Une enquête Meilleurs Agents indique qu’1/4 des Français envisage de déménager dans les 12 prochains mois.

Il s’agit bien souvent de quitter les grands centres urbains pour se diriger vers la périphérie ou les villes moyennes, explique une récente publication de l’INSEE. D’après l’enquête IFOP, 87% des Français qui ont déménagé en 2022 sont restés dans le même département et 51% ont déménagé dans la même ville. Les Français à l’origine de ces projets immobiliers sont davantage des locataires, des personnes habitant dans un appartement et ceux à revenus modestes.

Quels impacts sur la filière du végétal ?

La tendance au délaissement des grands centres urbains, visible depuis plusieurs années, pourrait avoir un impact non négligeable sur l’activité des fleuristes. En effet, 75% des points de vente sont situés en centre-ville d’après les Chiffres clés de la fleuristerie réalisés par Xerfi pour VALHOR (à (re) découvrir dans Mon Espace Pro/Outils/La filière en chiffres).

L’étude relève toutefois une tendance à la baisse de la proportion des points de vente situés dans une commune de 50 000 habitants ou plus.

Des dépenses limitées pour les jardins privés

Si le départ des grandes villes – lié au développement du télétravail depuis la crise sanitaire de la COVID-19 – a pu créer de meilleures conditions pour l’achat de végétaux en déménageant vers des logements disposant d’espaces végétalisés, les personnes ayant récemment déménagé sont ici majoritairement très concernées par les questions de pouvoir d’achat voire inquiètes, ce qui limite les opportunités de développement du marché du végétal pour cette cible.

Dans une interview de l’économiste spécialisé en horticulture, le Dr. Charlie Hall, parue en début d’année, celui-ci explique que les particuliers sont peu enclins à améliorer leurs espaces végétalisés puisqu’ils ont déjà investi dans leur jardin en 2020 et 2021. Néanmoins, les ralentissements économiques sont souvent favorables au marché du jardin car les gens réduisent leurs voyages au profit de loisirs à la maison.

En France, le premier semestre 2023 s’annonce difficile pour beaucoup de professionnels de la filière du végétal et les prévisions de voyages cet été montrent que ce loisir pratiqué bien souvent en famille reste prioritaire dans les arbitrages de dépenses, malgré l’inflation.