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Force est de constater que le commerce mondial de l’horticulture ornementale est marqué par de forts contrastes régionaux, entre zones exportatrices dynamiques et marchés importateurs sous pression.

[Durée de lecture : 10 minutes]

Le point en Europe sur le  marché horticole

En Europe, les principaux pays exportateurs sont les Pays-Bas, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la Pologne et la Turquie (partie européenne), tandis que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni dominent par leurs importations.

Les Pays-Bas restent la plaque tournante mondiale du commerce des végétaux d’ornement grâce à une logistique performante, des enchères numériques de référence et une production très technologique. Leur avance repose aussi sur le développement de ressources génétiques protégées. Toutefois, les coûts élevés de R&D, les contraintes environnementales, énergétiques et sociales entraînent une forte concentration des entreprises, une diminution de leur nombre et une réduction de la diversité de l’offre.

La Pologne, l’Espagne, l’Italie et la Turquie connaissent une croissance soutenue de leur production et de leurs exportations, notamment en fleurs coupées, plantes de pépinière et plantes vivaces, principalement destinées aux marchés d’Europe de l’Ouest.

À l’inverse, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France subissent une baisse rapide du nombre d’exploitations et des surfaces cultivées. Les marges sont sous pression, la demande stagne et la dépendance aux importations augmente. En France, une plus grande coordination entre producteurs et distributeurs serait un atout considérable face à la perte de compétitivité nationale.

Le continent américain et le marché horticole

Sur le continent américain, la Colombie et l’Équateur dominent les exportations, avec l’émergence du Costa Rica, du Mexique et du Brésil. Les États-Unis et le Canada constituent leurs principaux débouchés.

La Colombie est un acteur majeur mondial, avec plus de 2 milliards de dollars d’exportations annuelles. Le secteur est socialement structurant, fortement féminisé et largement certifié, ce qui renforce son accès aux marchés internationaux.

L’Équateur est reconnu pour ses roses haut de gamme certifiées, mais reste pénalisé par une logistique fragile.

Les États-Unis et le Canada représentent le premier marché de consommation du continent. Leur production nationale est high-tech et concentrée, avec une légère progression des surfaces, malgré des coûts de main-d’œuvre et d’intrants en forte hausse. Les certifications y deviennent un levier d’accès aux marchés, notamment pour les petites exploitations qui cherchent à reprendre le marché local des fleurs coupées.

Le continent africain et l’horticulture

En Afrique, les pays clés sont le Kenya, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud et Israël, avec l’émergence de la Côte d’Ivoire et de la Tanzanie.

Le Kenya demeure un exportateur majeur vers l’UE grâce à des conditions climatiques favorables et une main-d’œuvre abondante, mais fait face à des défis phytosanitaires, sociaux et réglementaires croissants. 

L’Éthiopie affiche une croissance rapide grâce à des coûts faibles, mais souffre d’un manque d’infrastructures et d’instabilités politiques.

L’Afrique du Sud se distingue par une spécialisation florale et une progression régulière de ses exportations.

Israël occupe une position stratégique grâce à l’innovation variétale, au développement et à la propriété de ressources génétiques de graines, boutures et jeunes plants, avec une forte orientation export vers l’UE. 

Point sur le marché horticole asiatique et océanien

En Asie, la Chine est devenue en deux décennies le premier producteur mondial en surface et en volume, avec des marchés aux enchères comparables à ceux des Pays-Bas. Sa stratégie combine explosion de la demande intérieure et montée en puissance des exportations, soutenues par des investissements massifs et l’utilisation soutenue des biotechnologies.

L’Inde dispose d’un immense marché domestique et développe progressivement ses exportations, malgré une production encore très fragmentée et des infrastructures logistiques limitées.

La Thaïlande progresse fortement grâce à sa spécialisation dans les orchidées et l’innovation technologique.

Le Vietnam se structure rapidement, soutenu par des investissements publics et privés, mais doit encore améliorer la qualité, le volet sanitaire et la logistique.

En Australie, la production est essentiellement tournée vers le marché intérieur, en raison de coûts élevés et de fortes contraintes phytosanitaires.

À l’horizon 2026, l’équilibre entre production européenne et importations reste incertain. Les certifications apparaissent comme une opportunité majeure pour les producteurs capables de s’adapter, et un risque pour les autres. Globalement, les filières soutenues par des politiques volontaristes hors d’Europe ont mieux performé que celles freinées par des réglementations multiples et contraignantes.

Brand WAGENAAR – décembre 2025

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  • Sources : veille internationale semaines 49 à 52 2025